Lewis Baltz – Common Objects: Hitchcock, Antonioni, Godard

Le Bal, Paris, May 23 - August 24, 2014

An exhibition of key works by Lewis Baltz seen in relation to the cinema of Michelangelo Antonioni, Alfred Hitchcock and Jean-Luc Godard. Curated by Dominique Païni, David Campany and Diane Dufour.

Le Bal, Paris, May 23- August 24

baltz le bal

Accompanying book published by Steidl/Le Bal, with essays by David Campany and Dominique Païni:

A partir du texte “Lewis Baltz ou l’intuition du rien”:
Depuis les débuts de sa carrière artistique à la fin des années 1960, Lewis Baltz explore la relation difficile entre vision et savoir. À quoi ressemblent le monde et les images qu’il produit? Ces apparences, qu’ont-elles à nous dire ? Ce qui importe vraiment, peut-on le représenter visuellement ? Et, dans notre monde moderne, quelle est la relation entre le beau, le laid et le vrai ?
Sous des formes bien différentes, Hitchcock, Antonioni et Godard ont été (sont) des philosophes de l’apparence. Ils « réfléchissent en images » au rapport complexe entre ce qui peut être montré, ce qui peut être pensé et ce qui peut être su. Le plaisir que suscitent leurs films et la provocation qu’ils renferment proviennent de ces moments inattendus où l’image est contestée, mise en doute.
De Hitchcock, nous avons appris que les apparences sont impérieuses mais trompeuses, voire traîtres. Nombre de ses films commencent ainsi symboliquement par des images de façades qui obstruent notre regard, comme les plans extérieurs de la ville de Phoenix (Arizona) qui ouvrent Psychose (1960) ou, le début de Cinquième Colonne (1942), un immense mur d’usine en tôle ondulée.
 Jeff Wall a observé qu’« aucune image – du moins, aucune photographie – ne peut exister aujourd’hui sans porter encore en elle la trace du film dont elle pourrait être issue». Dans la série Candlestick Point de Lewis Baltz, on se prend ainsi à imaginer une scène de film composée de plans dans lesquels on aurait supprimé toutes les images des acteurs. Candlestick Point est la réaction de Baltz face à un paysage postindustriel de détritus et de déjections, face à un lieu saisi quelque part entre son usage passé et son usage futur: un récit fragmentaire suspendu dans lequel des images ont disparu.
Candlestick Point convoque le cinéma de la même façon que, dans le fameux final de L’Éclipse (1962), Antonioni convoque la photographie et livre une série de plans presque statiques qu’il monte de façon à charger l’espace de l’absence des amants. Baltz travaille souvent dans cet état d’esprit. Il met en opposition une plénitude visuelle et le sentiment que ce qui importe vraiment échappe à son objectif et pourrait bien échapper à l’œil humain.
Ce hiatus entre le visible et l’appréhendable atteint son paroxysme avec Ronde de Nuit, un collages-fresques qui associe des vues de sources diverses (surveillance, télévision et cinéma) à des images de corps, de fils électriques et d’installations informatiques.  L’apparence physique de l’ordinateur, une boîte opaque, marque l’éviction définitive de l’information et du sens hors du domaine du visible.  Dans Sites of Technology, les vues prélevées sur les bandes de caméras de surveillance se muent en métaphore ou en allégorie. Sans repère spatial, nomades, ces oeuvres évoquent l’emprise généralisée d’un état technocratique où l’informatique et la statistique menacent de triompher définitivement.
David Campany
A partir du texte ‘Lewis Baltz ou l’intuition du rien’ dans Lewis Baltz – Common Objects (LE BAL/STEIDL 2014)

 

 

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